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Chronique de Fred

Chaque jour Fred, quelqu’un comme tout le monde, nous raconte son expérience du festival.

 

Déjà il a fallu prendre le bus. J’avais faim et pas envie de prendre ce bus.

Je suis quand même monté, mais à reculons. J’avais acheté ma place alors bon.

Je me suis assis seul à l’avant du bus. Tout le monde avait un partenaire avec qui papoter mais moi je voulais rester seul. J’aurais pu engager la discussion avec le chauffeur ou un organisateur du festival mais j’avais pas envie. J’avais besoin de rester un peu en silence. Un peu fatigué et chamboulé de ma journée j’ai tout simplement regardé par la fenêtre et je me suis laissé transporter par le bus. C’était très silencieux, mis à part un groupe de 5 jeunes à l’arrière qui riaient un peu fort.

On est arrivé 45 minutes en avance au théâtre. Je ne savais pas trop quoi faire de moi-même, du coup, j’écoutais les conversations des autres, les bras ballants, je passais du hall à la cour extérieure, j’ai fumé une cigarette, et je suis allé manger du saucisson au buffet. Il y avait un buffet car c’était l’ouverture de la saison. J’ai encore eu le temps d’aller au bar me chercher une bière blanche. Je l’ai bu assez rapidement et ça m’a donné du courage pour engager la conversation avec le groupe de personnes qui discutaient à côté de moi. Ils riaient et c’est comme ça que je me suis introduit dans le groupe : j’ai ri avec eux. Au moment où j’ai ri, ils se sont retournés, ils m’ont regardé et ils m’ont semi-intégré. Je me sentais un peu en trop et puis il faut l’avouer, je n’avais rien à faire dans leur conversation, mais je suis resté là. J’aimais bien me sentir faussement entouré à ce moment-là. Je voulais être seul mais entouré faut croire.

Les portes se sont ouvertes. Je me suis assis tout en haut de la salle. J’ai regardé ces magnifiques danseurs se mouvoir sur une moquette noire, sous des lumières feutrées, portant des masques de la mort. Quelle énergie ! Á la fin j’ai vu plein de dates, celles de guerres sûrement. Je dois avouer que je me suis senti encore plus déplacé.

Voilà, j’étais plutôt content de moi, de m’être motivé pour aller voir un spectacle de danse. J’ai vu un truc un peu différent de d’habitude, j’aurais de quoi faire la conversation ce weekend et puis j’ai même fait une rencontre à la fin. Il s’appelle Paul et lui aussi il a mangé du saucisson au buffet. C’est comme ca qu’on a engagé la discussion, sur la qualité du saucisson en Suisse. C’était sympa car je ne me suis pas senti obligé de décrire ce que je ressentais et du coup je me suis mis à parler, tellement que j’en ai raté le bus pour rentrer.